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.Il fit de la Silurie ce qu’il avait rêvé de faire de toute la Bretagne : un havre de paix.Les enfants n’étaient pas enlevés pour devenir esclaves, les récoltes n’étaient pas brûlées et les seigneurs de la guerre ne ravageaient pas les fermes.Cependant, au-delà des frontières, des ombres s’amassaient.L’absence de Merlin en était une.Les années passaient et nous n’avions toujours pas de nouvelles, aussi, au bout d’un moment, les gens présumèrent que le druide avait dû mourir car certes aucun homme, pas même Merlin, ne pouvait vivre aussi longtemps.Meurig était un voisin irritable et querelleur, exigeant sans cesse des impôts plus lourds et une purge des druides qui vivaient dans les vallées de Silurie, pourtant Tewdric, son père, avait sur lui une influence modératrice, quand on pouvait le tirer de cette vie de quasi-inanition qu’il s’infligeait.Le Powys demeurait faible et l’anarchie s’installait de plus en plus en Dumnonie, même si l’absence de Mordred lui épargnait le pire.En Silurie seulement régnait un certain bonheur, aussi Ceinwyn et moi commencions à penser que nous finirions nos jours à Isca.Nous vivions dans l’opulence, nous avions des amis, une famille, et nous étions heureux.Bref, nous étions satisfaits de nous, or le destin est l’ennemi du contentement de soi, et comme Merlin me l’avait toujours dit, le destin est inexorable.*Je chassais avec Guenièvre dans les collines, au nord d’Isca, lorsque j’appris l’infortune de Mordred.C’était l’hiver, les arbres étaient nus, et les précieux limiers de la princesse venaient de lever un grand cerf roux quand un messager de Dumnonie me retrouva.Il me tendit une lettre puis regarda avec de grands yeux Guenièvre qui se frayait laborieusement un chemin dans la meute pour mettre fin aux souffrances de la bête d’un coup miséricordieux de sa courte lance.Ses chasseurs éloignèrent les chiens avec leurs fouets, puis dégainèrent leurs couteaux pour éviscérer le cerf.Je dépliai le parchemin, lus le bref message, puis regardai le porteur.« As-tu montré cela à Arthur ?— Non, Seigneur.La lettre vous était adressée.— Porte-la-lui », dis-je en lui rendant la feuille.Guenièvre, maculée de sang et satisfaite, s’écarta du carnage.« On dirait que tu as reçu de mauvaises nouvelles.— Au contraire, elles sont bonnes.Mordred a été blessé.— Bon ! » Guenièvre exultait.« Gravement, j’espère ?— Apparemment.Un coup de hache à la jambe.— Dommage que ce n’ait pas été en plein cœur.Où est-il ?— Toujours en Armorique.» Le message, dicté par Sansum, disait que Mordred avait été surpris et défait par l’armée de Clovis, roi des Francs ; dans la bataille, il avait été vilainement blessé à la jambe.Il avait fui et était maintenant assiégé par son ennemi dans l’un des anciens forts du vieux Benoïc, au sommet d’une colline.Je présumai que Mordred était allé passer l’hiver dans le territoire qu’il avait conquis sur les Francs et dont il pensait sans doute se faire un second royaume outremer, mais que Clovis et son armée avaient mené une campagne hivernale imprévue.Mordred avait été vaincu et bien qu’il fût encore en vie, il était cerné.« La nouvelle est-elle sûre ?— Relativement.Le roi Budic a envoyé un messager à Argante.— Bien ! Bien ! Espérons que les Francs le tueront.» Elle se retourna vers le tas d’abats fumants afin d’offrir quelque bon morceau à ses chiens chéris.« Ils le tueront, n’est-ce pas ? me demanda-t-elle.— Les Francs ne sont pas connus pour leur miséricorde.— J’espère qu’ils danseront sur ses os.Oser se faire appeler le second Uther !— Il s’est bien battu, Dame.— Ce qui importe, ce n’est pas de bien combattre, Derfel, c’est de remporter la dernière bataille.» Elle jeta des morceaux d’entrailles à ses chiens, essuya la lame de son couteau sur sa cotte, puis le remit dans sa gaine.« Alors, qu’est-ce qu’Argante veut de toi ? me demanda-t-elle.Que tu viennes en aide à son époux ? » Argante demandait exactement cela, Sansum aussi, et c’était pour cette raison qu’il m’avait écrit.Son message m’ordonnait de marcher avec tous mes hommes jusqu’à la côte sud, de réquisitionner des bateaux et de me porter au secours de Mordred.Je répétai cela à Guenièvre qui me lança un regard moqueur.« Et tu vas me dire que ton serment au petit bâtard t’oblige à obéir ?— Je n’ai pas prêté serment à Argante, et certainement pas à Sansum.» Le Seigneur des Souris pouvait m’ordonner tout ce qu’il voulait, je n’avais pas besoin de lui obéir, ni aucun désir de sauver Mordred.En outre, je doutais qu’une armée puisse se rendre en Armorique durant l’hiver, et même si mes lanciers survivaient à la rude traversée, ils seraient trop peu nombreux pour vaincre les Francs.La seule aide que pouvait espérer Mordred serait celle du roi de Brocéliande, Budic, qui avait épousé la sœur aînée d’Arthur, Anna.Peut-être s’était-il réjoui que Mordred tue des Francs sur la terre qui avait appartenu à Benoïc, mais il n’avait sûrement pas envie d’attirer l’attention de Clovis en envoyant des lanciers au secours de Mordred.Notre roi était condamné, pensai-je.Si sa blessure ne le tuait pas, il mourrait de la main de Clovis.Pendant le reste de l’hiver, Argante me harcela de messages exigeant que je fasse traverser la mer à mes hommes, mais je demeurai en Silurie et l’ignorai.Issa reçut les mêmes ordres, mais il refusa catégoriquement d’obéir tandis que Sagramor se contentait de jeter au feu les lettres d’Argante.Celle-ci, voyant son pouvoir lui échapper avec la vie déclinante de son époux, devint si désespérée qu’elle offrit de l’or aux lanciers qui s’embarqueraient pour l’Armorique.Même si un grand nombre d’entre eux acceptèrent son or, ils préférèrent voguer vers Kernow ou se réfugier dans le Gwent plutôt que de faire voile vers le sud où la sinistre armée de Clovis les attendait.Plus Argante désespérait, plus nos espoirs croissaient.Mordred était piégé et malade, tôt ou tard la nouvelle de sa mort nous parviendrait ; nous projetions alors d’entrer en Dumnonie sous la bannière d’Arthur, avec Gwydre comme candidat à sa succession.Sagramor viendrait de la frontière saxonne pour nous soutenir et nul homme, en ce pays, n’aurait le pouvoir de s’opposer à nous.Mais d’autres pensaient aussi au trône de Dumnonie.J’appris cela au début du printemps, lorsque saint Tewdric mourut.Arthur éternuait et frissonnait, aux prises avec le dernier rhume de l’hiver, et demanda à Galahad de le remplacer aux rites funéraires du vieux roi, à Burrium, la capitale du Gwent qui se trouvait à une courte journée de navigation sur la rivière, en amont d’Isca ; Galahad me demanda instamment de l’accompagner.Je pleurais Tewdric qui avait été un bon ami, pourtant je ne souhaitais pas assister à ses funérailles et endurer l’interminable bourdonnement des rites chrétiens, mais Arthur ajouta sa voix à celle de Galahad.« Nous vivons ici grâce au bon plaisir de Meurig, me rappela-t-il, et nous lui devons des marques de respect.J’irais si je le pouvais.» Il se tut pour éternuer.« Mais Guenièvre dit que cela me tuerait.»Alors, Galahad et moi, nous y allâmes à la place d’Arthur et la cérémonie funèbre nous parut interminable.Elle eut lieu dans une grande église ressemblant à une grange que Meurig avait fait construire l’année du prétendu cinq centième anniversaire de la venue du Seigneur Jésus-Christ sur cette terre pécheresse, et une fois les prières dites ou chantées, il fallut en endurer d’autres devant la tombe de Tewdric [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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