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.Ma place n’était pas dans la capitale insulaire chérie du roi Ban.Ma mission était de défendre Ynys Trebes en combattant sur la terre ferme de Benoïc, où les Francs pillaient les fermes qui entretenaient la somptueuse capitale, mais Bleiddig insista pour que je visse le roi.Je me laissai donc guider à travers la digue, franchis la porte décorée d’une sculpture de triton brandissant un trident, puis grimpai la route escarpée qui conduisait au sublime palais.Tous mes hommes étaient restés sur la terre ferme, mais j’aurais aimé leur faire voir les merveilles de la cité : les portes sculptées ; les escaliers de pierre raides creusés dans le granit entre les temples et les boutiques ; les maisons à balcons décorés d’urnes de fleurs ; les statues et les sources qui approvisionnaient en eau fraîche des bassins de marbre sculptés, où chacun pouvait plonger une seille ou se désaltérer.Bleiddig, qui me servait de guide, ne cessa de rouspéter que la cité gaspillait du bon argent qu’il eût fallu employer pour renforcer les défenses à terre, mais, pour ma part, ce grandiose spectacle m’impressionnait.Cet endroit, pensais-je, méritait qu’on se batte pour lui.Bleiddig me fit franchir la dernière porte décorée d’un triton qui donnait sur la cour du palais.Les bâtiments couverts de plantes grimpantes occupaient trois côtés de la cour, tandis que le quatrième était délimité par une série d’arches blanches qui dominaient la mer.À chaque porte étaient postés des gardes en manteaux blancs, la hampe de leur lance bien polie et le fer brillant.« Ils ne servent à rien, marmonna Bleiddig.Ils ne feraient pas peur à un chiot, mais ils ont fière allure.»Un courtisan en toge blanche nous accueillit à la porte du palais et nous escorta à travers une enfilade de chambres, toutes regorgeant de trésors rares.Il y avait des statues d’albâtre et de la vaisselle en or ; une pièce était couverte de miroirs devant lesquels je restai bouche bée en apercevant mon lointain reflet qui se répétait à l’infini : un soldat barbu et crasseux avec son manteau de bure, de plus en plus petit à mesure que je m’enfonçais dans les plis du miroir.Dans la pièce suivante, toute peinte en blanc et sentant les fleurs, une fille jouait de la harpe.Elle portait une tunique courte et rien d’autre.Elle sourit lorsque nous passâmes devant elle et continua à jouer.Ses seins étaient dorés par le soleil, ses cheveux courts et son sourire engageant.« On dirait un bordel, chuchota Bleiddig de sa voix rauque.Dommage que ça n’en soit pas, on en aurait l’usage.»Le courtisan en toge ouvrit la dernière porte à deux battants et aux poignées de bronze et s’écarta pour nous faire entrer dans une vaste pièce qui donnait sur la mer chatoyante.« Sire, fit-il en s’inclinant devant l’unique occupant de la pièce, le chef Bleiddig et Derfel, capitaine de Dumnonie.»Un grand homme maigre au visage inquiet et aux cheveux blancs clairsemés quitta sa table où il écrivait sur un parchemin.Une risée de vent fit bouger son ouvrage et il s’affaira, le temps de glisser les coins de son parchemin sous des cornes à encre et des pierres de serpent.« Ah, Bleiddig, fit le roi en s’avançant vers nous.Tu es de retour, à ce que je vois.Bien, bien.Certains ne reviennent jamais.Les navires ne survivent pas.Nous devrions y songer.La solution est-elle dans de plus gros bateaux, qu’en penses-tu ? Ou est-ce que nous les construisons mal ? Je ne suis pas certain que nous soyons de bons constructeurs de bateaux, même si nos pêcheurs jurent que si, mais certains d’entre eux ne reviennent jamais non plus.Un problème.» Le roi Ban s’arrêta à mi-chemin, au milieu de la pièce, et se gratta la tempe, maculant un peu plus d’encre ses maigres cheveux.« Aucune solution évidente ne s’impose, annonça-t-il enfin avant de me dévisager.Drivel, n’est-ce pas ?— Derfel, Sire, répondis-je en mettant un genou à terre.— Derfel ! » Il répéta mon nom avec étonnement.« Derfel ! Laisse-moi réfléchir un instant ! Derfel, j’imagine, si ce nom signifie quoi que ce soit, il veut dire « qui appartient à un druide ».Est-ce ton cas, Derfel ?— J’ai été élevé par Merlin, Sire.— Ah oui ? Vraiment ! Ah ça, par exemple ! Sapristi.Je vois que nous devons parler.Comment va mon cher Merlin ?— Voici cinq ans qu’on ne l’a revu, Seigneur.— Il est donc invisible ! Ha ! J’ai toujours pensé que ce pouvait être l’une de ses ruses.Une ruse utile, aussi.Il faut que je demande à mes sages d’enquêter.Allons, debout, relève-toi.Je ne souffre pas qu’on s’agenouille devant moi.Je ne suis pas un Dieu, du moins je ne le pense pas.» Le roi m’examina et sembla déçu.« Tu ressembles à un Franc ! observa-t-il d’une voix perplexe.— Je suis Dumnonien, Sire, répondis-je fièrement.— J’en suis bien sûr, et un Dumnonien, je l’espère, qui précède ce cher Arthur, n’est-ce pas ? » demanda-t-il impatient.Je ne m’y étais pas préparé.« Non, Seigneur.Arthur est assiégé par une foule d’ennemis.Il se bat pour la survie de notre royaume et il m’a donc envoyé avec quelques hommes, tous ceux dont il pouvait se passer, et je dois lui écrire pour lui dire s’il en faut davantage.— D’autres seront nécessaires, assurément, dit Ban aussi fermement que le lui permettait son mince filet de voix haut perché.Hélas oui ! Ainsi tu es venu avec quelques hommes ? Combien au juste ?— Soixante, Seigneur.»Le roi Ban se laissa tomber sur un siège incrusté d’ivoire.« Soixante ! J’en avais espéré trois cents ! Et Arthur en personne [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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