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.Je suis bien contente de ne pas avoir fait de petit à ce gars-là, moi.Il était mauvais comme une teigne.— Tu ne le regrettes pas ?— Même s’il ne m’a rien légué, je suis plus tranquille maintenant qu’il est mort, mais j’ai bien peur d’être damnée.C’est pas chrétien de tuer son prochain grâce à de vieilles recettes que combattent les prêtres et c’est encore pire quand on couche avec la victime et qu’on l’a mariée.De par chez nous, si on apprenait tout ça, je ne sais pas ce qu’on me ferait.Je suis venue vous voir parce qu’on dit que vous ne causez pas et que c’est plus simple pour moi de me confier à une fille.On raconte tant de choses sur vous que ça donne envie ! Alors j’ai marché jusqu’ici avec mon grand secret et voilà que c’est sorti tout seul.Face au curé, c’est bien plus difficile.Même les petits péchés de rien du tout me restent dans la bouche.Y a des blancs, il cherche ses questions dans son livre.Et puis, c’est quand même un homme.— Prends donc une rose, ma fille ! lui ai-je répondu en riant.Ton mari n’est pas mort par ta faute.Les recettes de ton curé ne valent pas grand-chose.»Je ne refusais plus les dons des visiteurs, mais je ne les gardais pas et les offrais aux plus démunis de ce pays, ainsi qu’aux pauvres de passage pour qu’ils propagent ma renommée sur le chemin des Francs.Il arrivait que j’impose de fort longs jeûnes à de gros marchands de Besançon en pénitence des crimes qu’ils venaient me confesser comme si j’avais été prêtre.Après de savants calculs, les bonshommes faisaient selon leur habitude bourgeoise, ils payaient les gens d’ici afin qu’ils jeûnent à leur place durant plusieurs jours et tout le monde se réjouissait de recevoir pardon ou salaire grâce à la recluse.Dieu m’avait abandonné, mon fils aussi, et je faisais des êtres ce que bon me semblait pour me distraire un peu en attendant le retour d’Elzéar qui grandissait au loin.Pourtant, malgré ces menus amusements, le temps restait trop lent et, grisée par ma toute-puissance, j’ai fini par menacer Ivette de l’enfer pour la forcer à désobéir à sa mère et à me rendre mon enfant.Cette simplette me vouait une admiration sans bornes, elle a tellement pleuré que la doyenne s’est déplacée en personne pour me sermonner.Soutenue par deux de ses garçons, sa fragile carcasse a marché jusqu’à moi à tout petits pas.Comme ses forces avaient décliné en quelques mois, depuis cette fois où elle était venue de bon matin me réclamer mon enfant !Son corps, raidi par les ans, égrotant et brisé, avait bien du mal à se dégager de la terre.Ses pieds s’en arrachaient à peine, son buste se penchait en avant pour ne pas être déséquilibré par le menu mouvement qu’elle parvenait encore à imposer à ses vieux os.Elle semblait avoir à lutter contre les éléments et c’était comme si la terre et l’air se liguaient pour l’empêcher d’avancer : l’air piquant, mais calme, de ce début d’hiver l’attaquait comme grand vent, l’herbe se changeait en boue sous ses semelles de plomb et le temps, lui-même, s’était accéléré autour d’elle au point que sa marche paraissait immobile.La moindre pierre devenait un talus contre lequel elle trébuchait.Le monde n’était plus pour elle cette matière souple dans laquelle il fait bon se mouvoir, se plonger, cette matière dont on tire jouissance ; le monde, autrefois délicieux, avait gelé et l’avait prise dans sa masse, elle y était incluse comme un insecte englué dans la cire d’une chandelle.Quelle leçon de dignité que ce pas lent du vieillard !Comme j’admirais son douloureux effort pour aller, cette patiente lutte qu’elle menait contre le poids du corps inerte !Elle avançait à tâtons dans un univers troublé et s’arrêtait souvent pour tenter de mesurer le nombre de pas qui nous séparaient encore, pour évaluer l’effort à fournir avant d’atteindre la masse sombre de la chapelle.Je lisais sa cécité dans ses yeux blancs, elle ne voyait plus de moi que ma coquille de pierre.Sur cette femme courageuse, ma parole amère s’est avérée sans effet et ses mots m’ont giflée en retour autant que son regard aveugle.J’ai vu en ce miroir laiteux la femme que j’étais devenue.Alors, prise d’un accès de rage contre celle qui avait emporté mon enfant, j’ai agité tous les démons et vomi ma bile derrière mes barreaux, j’ai rugi tel un fauve en cage.« Tu es un poids pour le monde, cède donc la place, sale chienne ! Sais-tu pourquoi tu as tant vécu ? Ce n’est pas parce que tu es dure à la peine ou parce que mon sacrifice a muselé la mort, non, c’est que Lucifer attendait que tu fasses un faux pas pour te mener tout droit en enfer ! Maintenant que tu es tombée dans son piège, sache que les diables te tireront par les pieds jusqu’au bûcher où les voleurs d’enfants brûlent éternellement [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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