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.Elle est peut-être homo ? Je ne sais pas.J’aimerais être une sorte… d’ani-mateur de débats, pour savoir quoi dire.— C’est grave ? Tu as besoin d’aide ?— Oh ! Zara ! Tu es trop gentille.Non, non, je n’ai pas besoin d’aide.Je vais bien !Elle regarde ma main, toujours posée sur la poignée de la porte.— Oh ! excuse-moi.Je t’empêche d’aller faire pipi !Je suis désolée.Prends bien soin de Nick, d’accord ?Elle se précipite hors des toilettes avant que je puisse répondre.Je fais donc ce que j’étais venue faire, puis me lave les mains.J’appuie sur le distributeur de savon.Il ne fonctionne pas.J’appuie encore.Un mince filet de liquide rose fluo.— Génial !Le savon sent le vomi.Il me donne la chair de poule, presque une sensation d’araignées.Je me frotte les mains et les passe sous l’eau.C’est à cet instant que je lève les yeux vers le miroir.Je suis bleue.Je suis de nouveau bleue ! Aussi bleue que la porte des toilettes !172CAPTIVEJe me cogne dans la porte, sans doute parce que j’ai reculé.Je ne sais pas.Je me rue dans l’autre sens, prends du papier essuie-tout brun, le mouille et me frotte le visage.— Cela ne va pas marcher, dit une voix au-dessus de moi.Je crie, me cogne la hanche contre le lavabo et pivote, poings fermés.Astley s’accroche au rebord de la fenê-tre, ouverte à présent.— Va-t’en !Il saute par terre.Ses chaussures ne font aucun bruit.Pourtant, il semble lourd.Il est presque aussi grand que Nick à présent.Ses muscles sont plus massifs aussi.On dirait qu’il ne cesse de grandir.— Ce n’est pas cool d’arriver à l’improviste.Ça me fout les jetons ! dis-je.Il me regarde.— Tu es de nouveau bleue.— Je sais !Il déglutit.Je le vois qu’il avale sa salive.Il avance d’un pas.— Je viens à peine d’arriver et tu es déjà bleue.Je me détourne, regarde le monstre qui me fait face dans le miroir.— Si tu crois que ça m’amuse !— Si tu étais un lutin, tu ne serais pas bleue.Tu pourrais le cacher.— Je ne suis pas un lutin !Je me penche et appuie mon front contre le miroir.C’est froid, mais je m’en moque.Je regarde le lavabo, la porcelaine blanche est fendillée par endroits.C’est affreux.Il pose les doigts sur mon épaule.Je sursaute.— Zara ?173CArrIE JonEs— Quoi ?— Tu es toujours aussi nerveuse ?— Non.Oui.Je ne sais pas.Je me frotte le visage vigoureusement.Il me prend la main.— Calme-toi.— Comment veux-tu que je me calme ? Mon petit ami déteste les lutins !— Tous les lutins ?— Tu peux le lui reprocher ?— Oui.Nous ne sommes pas tous maléfiques.— Tu parles !Parfois, j’ai envie de le croire.— Je te jure.C’est vrai, Zara.Et je crois que, tout au fond de toi, tu le sais.Il me relâche.J’essaie de me libérer de la colère qui semble m’envelopper.— Pourquoi es-tu là?— Je te l’ai déjà expliqué.Il soupire.— Non, là, maintenant.Pourquoi es-tu venu dans les toilettes des dames?Il fait une petite moue avant de me répondre.— Je voulais te prévenir.— Me prévenir ?— Il se passe des choses dangereuses.Tu dois faire très attention.Restez en groupe.Restez à l’intérieur.Préviens tes amis aussi.Et ta grand-mère.— Les prévenir de quoi?— Un autre roi est en route.à propos des lutinsLes lutins ont des dents de requin.Hélas, contrairement aux requins, ils peuvent respirer hors de l’eau !Quel autre roi ?Je me détourne du miroir pour lui faire face.Le mouvement de rotation se poursuit après que je me suis arrêtée.Ma voix est si aiguë qu’elle confine à l’hysté-rie, mais je n’y peux rien.— Combien êtes-vous ? Mon Dieu, mais c’est une véritable invasion !Il me prend par le bras.Je me dégage.— Ne me touche pas !Il recule, et sa main reste en l’air, vide.— J’ai cru que tu allais tomber ; je voulais simplement t’aider.— Tu veux m’aider ? Dis-moi ce que tu veux dire à propos des autres rois et du danger.Ensuite, tu t’en vas pour que je puisse reprendre une couleur normale, O.K.?175CArrIE JonEsJe chancelle un peu et m’adosse au lavabo pour garder l’équilibre.— Et parle-moi également de la walkyrie !Il avance d’un pas.— Je crois que je te fais perdre l’équilibre, aussi.— Je ne sais pas.Peut-être.Ma tête qui tourne semble lui donner raison.Son visage s’adoucit.Il lève le bras comme s’il allait me toucher la joue.— Non !J’ai l’impression de trahir Nick rien qu’en lui parlant, ce qui est absurde, puisque je parle sans cesse avec d’autres garçons.— S’il te plaît, parle-moi juste du roi.Sa main retombe sur le côté.— Il est là.Il est très méchant ; c’est un monstre qui n’est pas soutenu par notre fédération.— Votre fédération ?— La fédération des lutins.C’est compliqué, dit-il avec un revers de la main.Les différents royaumes font partie d’une fédération dirigée par un parlement de rois.On essaie de maintenir l’ordre, de nous mettre à l’abri des hommes et de faire en sorte de ne pas mettre les hommes en danger.Mais, parfois, certains rois sèment le trouble, et nous ne sommes pas tous en faveur d’une fédération.Certains voudraient plus de pouvoirs.— Comme ce monstre ?— Il se battra contre moi pour régner sur le territoire de ton père.Par chance, le combat qui a déjà commencé sera de courte durée.J’ai déjà perdu un de mes sujets.C’était une femme médecin, dit-il, le regard sombre et triste.— Je ne sais pas quoi penser.Le lavabo est froid contre ma hanche.Le froid est si 176CAPTIVEintense qu’il transperce la barrière de mon pantalon et pénètre sous la peau.— Zara, on n’a pas le choix ! Ton père était trop faible.Tu l’as emprisonné.Tu as emprisonné certains de mes éclaireurs avec lui.Je dois libérer mon peuple, mais je dois aussi prendre le contrôle de la région.Pour cela, il faut que je renverse l’autre roi.Il en a été décidé ainsi.La pièce tremble, car quelqu’un a tiré la chasse dans les toilettes des hommes.Les tuyaux doivent commu-niquer.— Par renverser, tu veux dire tuer ?Il hoche la tête.— Je ne peux pas te laisser le tuer !Il n’y a aucune émotion dans mes paroles.J’énonce une simple vérité.— Tu ne peux pas l’empêcher, Zara.Sinon, c’est l’autre roi qui me tuera.La question, c’est de savoir qui réussira le premier.Et puis, honnêtement, tu penses qu’être tué, c’est un sort pire que de vivre dans cette maison en ce moment ?Je ne réponds pas.— Lui aussi a envoyé des éclaireurs.Et, Zara, il n’est pas comme moi ; il n’est même pas comme ton père.Il est bien pire, bien pire…— Alors, pourquoi tu ne le tues pas, pourquoi tu ne lui prends pas son territoire ?— Je ne suis pas encore assez fort pour cela.J’ai besoin des forces de ton père, j’ai besoin de faire nombre.— Nombre…J’essaie de comprendre.— L’autre roi est fort, il est du côté du mal…Sa voix s’emplit d’amertume.177CArrIE JonEs— Ceux-là, ils n’éprouvent jamais aucune difficulté pour rassembler des troupes… ou pour faire nombre, comme on veut.— Et toi, tu es du côté du bien ?J’avale ma salive, me détourne de lui et ouvre le robinet.L’eau coule sur mes mains, sur mes mains bleues.Je poursuis :— Tu ne penses pas que tout le monde se croit du côté du bien ? La walkyrie, par exemple ?— Si, j’en suis sûr.Il me touche l’épaule.Je sursaute.Il me prend par l’épaule et me retourne.L’eau coule toujours, s’échap-pant du robinet [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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